LA SIERRA DEL CADI (Catalogne)
Autour du Pedraforca   (7-8 et 9 juin 2015)

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Quelques tableaux du musée): *** Quelques tableaux (communiqués par Josy): ***
Picasso à Gosol en 1906.  texte de Josy Bellan
Le village de Gosol niché dans les Pyrénées Catalanes possède un petit Musée Picasso dont les nombreux documents (des reproductions des œuvres que l’artiste a réalisé lors de son court séjour dans ce village – sauf deux petits dessins originaux ) - montrent à la fois la grande capacité de travail de Picasso et un moment charnière dans l’évolution de sa création.

Picasso séjourne à Gosol pendant l’été 1906 avec sa compagne Fernande Olivier ( la menace d’une épidémie les ramènera à Paris plus tôt que prévu). Il y trouve une ambiance rustique mais authentique, des paysages rudes et à une vie simple qui lui rappelle sa jeunesse à Malaga (à l’époque très provinciale). Là il retrouve aussi une sérénité perdue à cause du suicide de son ami – le poète catalan Casagemas – et de la fréquentation des milieux intellectuels de Montmartre et des drogues. S’il y retrouve quelques artistes catalans ce séjour va aussi lui permettre de se libérer des influences de la modernité qu’il a découverte à Paris pour trouver sa propre voix.

En 1900 Picasso vient représenter l’Espagne à l’Exposition Internationale de 1900 avec un tableau et s’y installe. Il fréquente l’effervescence de la scène artistique parisienne et se familiarise avec les audaces techniques de la peinture contemporaine d’alors. Il côtoie au Bateau Lavoir les artistes tels que Gauguin, Matisse… Cézanne dont une rétrospective est organisée au Grand Palais en 1907, et les écrivains et poètes (Apollinaire, Max Jacob, Reverdy … Cocteau) mais il garde des liens étroits avec les modernistes et le mouvement anarchiste de Barcelone en rupture avec l’immobilisme de l’autre Espagne.

Dès 1905 il cherche à se libérer des influences de ces artistes modernes pour renouveler à sa manière la forme plastique de « la représentation » (jamais il n’est à rattacher à l’abstraction) - il a puisé successivement chez Cézanne (paysage géométrisé de la « Montagne St. Victoire »), dans la sculpture de la Gréce archaïque (simplification des volumes de la « période rose » ) et celle de l’art primitif des Masques Nègres qui circulent à Paris, mais aussi dans la sculpture ibérique dont la schématisation des formes tend à la géométrisation - au cube.

Quand il arrive à Gosol en 1906 son travail correspond à sa période « Rose », les toiles recentrées sur cette seule couleur reprennent les modèles de la période Bleue « misérabiliste » précédente peinte à Barcelone –saltimbanques … mendiants - mais les sujets en sont plus sereins.
-  …  Dans ce village éloigné de tout, il travaille avec des matériaux simples (crayons, encres sur papier et même parfois sur des supports de récupération – une porte ou une branche d’arbre à peine équarrie - il exécute de nombreux dessins - de rudes paysages quasi géométrisés … des nus prenant pour modèle les habitants dont la robustesse encourage un trait ferme et le dessin de volumes puissants vigoureusement simplifiés sans s’encombrer d’aucun artifice ni décor. Cette période est décisive et prépare le Cubisme: de retour à Paris il achève enfin le « Portrait de Gertrude Stein » (après 80 séances de poses), la mécène n’appréciera pas son visage comme taillé dans du bois, réduit à un masque à la fois impassible et expressif.

De Gosol il ramènera de nombreux carnets de croquis dans lesquels il va puiser pour élaborer ses futures œuvres « cubistes » dont les premiers dessins préparatoires des « demoiselles d’Avignon » ou « Horta del Ebro » une transposition de la réalité du paysage réduit à des cubes.

Les portraits peints ou sculptés de Fernande » de 1909 confirment sa manière cubiste qui jusqu’en 1912 devient « analytique » et installe un éclatement littéral des formes, une explosion des visages et des objets comme à travers un miroir brisé : « Portrait de Kahnweiler » (son marchand). Pour Picasso le Cubisme s’achève en 1914, il a trouvé son propre chemin pour rompre avec la tradition, désormais il est libre, sa manière ne cessera de se transformer.

Cubisme : il s’agit de saisir non l’apparence des objets mais leur essence : « Pourquoi ne montrer qu’un seul côté du cube… du cylindre, Il fallait d’abord réduire l’objet à une forme géométrique et ensuite montrer celle-ci dans sa totalité sur un seul plan, celui de la toile en adoptant devant le motif plusieurs points de vue simultanés ».

« La belle Fernande » est la fille « émancipée » d’un plumassier, sa sœur est mariée à un peintre du Bateau Lavoir. Picasso rencontre Fernande Olivier en 1905 près du puit qui alimente le quartier, il lui offre un chat, il la quittera en 1909.

Visuels : Fernande à Gosol avec le fils d’un ami en 1906 (photographie)
Picasso : « La porteuse de pain » crayon 1906 – « Fernande à l’éventail » 1908 - « Fernande » 1909 portrait Cubiste - Reproductions du musée de Gosol…


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